domingo, 29 de novembro de 2015

...


IL Y AVAIT DE LA TERRE EN EUX, et
ils creusaient. 


Ils creusaient, creusaient, ainsi
passa leur jour, leur nuit. Ils ne louaient pas Dieu
qui – entendaient-ils – voulait tout ça,
qui – entendaient-ils – savait tout ça. 


Ils creusaient, et n’entendaient plus rien ;
ils ne devinrent pas sages, n’inventèrent pas de chanson,
n’imaginèrent aucune sorte de langue.
Ils creusaient. 


Il vint un calme, il vint aussi une tempête,
vinrent toutes les mers.
Je creuse, tu creuses, il creuse aussi le ver,
et ce qui chante là-bas dit : ils creusent. 


O un, o nul, o personne, o toi:
où ça menait, si vers nulle part?
O tu creuses et je creuse, je me creuse jusqu’à toi –
à notre doigts l’anneau s’éveille.

— Paul Celan, Pavot et mémoire, tradução do alemão de Valérie Briet, 1987

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